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Sortir de l’impasse constitutionnelle

Du point de vue constitutionnel le Québec et le Canada vivent sur du « temps emprunté ». Ils ont tous les deux, en effet, hypothéqué leur avenir depuis le début des années 80 en appliquant une chape de plomb sur les questions fondamentales que toutes les nations doivent un jour où l’autre se poser. Il y a eu une exception – importante il est vrai – à cette règle, les négociations initiées par le premier ministre du Canada Brian Mulroney débouchant sur l’accord du Lac-Meech, le « sabotage » de cet accord et la campagne référendaire de 1995.

 

Depuis le référendum de 1995 règne l’idée assez saugrenue que l’enjeu politique essentiel d’une société est de nature fondamentalement économique! Or, il est temps au Canada comme au Québec de travailler sérieusement à trouver des réponses politiques aux questions politiques, au lieu de reporter sans cesse à plus tard ces questions en espérant que des réformes économiques parviendront à la longue à les faire oublier et que, comme par magie, elles disparaîtront.

 

Dans le cas du Québec, l’une des premières questions politiques à laquelle il convient de s’attaquer concerne le statut de la nation québécoise et du Québec.

Trois options peuvent être envisagées :

 

1)    Le Québec demeure une province canadienne comme les autres avec quelques pouvoirs en plus pour tenir compte de sa spécificité;

2)    Le Québec refonde son association avec le reste du Canada pour obtenir des pouvoirs généralement réservés aux États indépendants ( à la manière du projet cher à René Lévesque qu’il appelait, la « souveraineté-association »);

3)     Le Québec devient un État complètement indépendant – celui de la nation québécoise − et séparé du Canada.

 

On peut imaginer d’autres variantes, mais le choix peut se ramener en réalité à deux options : le Québec demeure une province canadienne ordinaire ou le Québec devient un pays souverain (l’association étant une variante de l’option indépendantiste).

 

L’option 1 est dans une impasse depuis plus de quinze ans. Aucun gouvernement du Québec, souverainiste ou fédéraliste, n’a reconnu formellement la constitution canadienne. C’est d’ailleurs l’une des seules questions politiques fondamentales sur laquelle tous les premiers ministres du Québec se sont unanimement entendus depuis le rapatriement unilatéral de la constitution canadienne par le gouvernement dirigé par Pierre Elliott Trudeau en 1981.

 

Il va de soi que les premiers ministres souverainistes refusent de reconnaître la constitution canadienne. Il est moins évident que leurs homologues fédéralistes agissent de la même manière. Pourquoi en est-il ainsi? La première raison est qu’une telle reconnaissance serait tout simplement rejetée par la population du Québec et qu’aucun chef politique fédéraliste ne veut prendre le risque de s’y aventurer, d’autant plus que l’équivoque actuelle leur permet de gagner du temps. Or, les fédéralistes semblent croire – en tout cas certains d’entre eux – que le temps joue en leur faveur pour des raisons entre autres démographiques liées à l’immigration. Il peut sembler, en effet, que les nouveaux arrivants ne se rallieront jamais majoritairement au projet souverainiste et, qu’à la longue, l’option souverainiste pourrait s’effilocher et disparaître par elle-même. Cette approche teintée de cynisme est, semble-t-il, la seule sur laquelle puisse tabler le fédéralisme au Québec pour venir à bout une fois pour toutes du nationalisme québécois. Or, les Québécois méritent mieux que cela. Ils méritent de prendre eux-mêmes les décisions qui concernent l’avenir de leur nation. Autrement dit, il ne saurait être question d’entériner sans rien dire une telle stratégie politique à bon marché – du moins ce qui semble en être une – qui ferait de la reconnaissance de facto de la constitution canadienne l’équivalent d’une reconnaissance formelle et légitime au sens démocratique du terme. Cela n’est certainement pas une solution acceptable pour la nation québécoise.

 

Les Québécois sont, en effet, capables de décider par eux-mêmes de leur destin. Ils sont capables, en toute connaissance de cause, de fixer le statut politique de leur nation. Une nation avancée, démocratique, ouverte sur le monde et arrivée à l’âge adulte qui doit assumer la responsabilité de son avenir politique. C’est, selon nous, le sens de la parole célèbre de l’ancien premier ministre Robert Bourassa en 1990 : « Le Canada anglais doit comprendre de façon très claire que, quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, le Québec est, aujourd’hui et pour toujours, une société distincte, libre et capable d’assumer son destin et son développement. » Comme on peut le voir clairement ici, il ne saurait être question, même du point de vue d’un chef fédéraliste – en tous cas d’un chef de l’envergure de Robert Bourassa – de laisser à d’autres que les Québécois eux-mêmes le soin d’assumer le destin de leur nation. Robert Bourassa n’a sans doute jamais envisagé sérieusement l’option souverainiste, mais ses efforts pour réformer le fédéralisme canadien n’ont pas donné beaucoup de résultats.

 

C’est pourquoi il nous semble impératif aujourd’hui de briser l’impasse constitutionnelle dans laquelle se trouve le Québec depuis trop longtemps. Il est pour cela inutile d’espérer obtenir grand-chose d’une nouvelle ronde de négociation avec le gouvernement fédéral et les autres provinces pour une réforme en profondeur de la constitution canadienne[1]. Il est vrai que le Québec a pu obtenir quelques aménagements administratifs au cours du temps, dans le domaine de l’immigration par exemple. Mais, ce type d’aménagements ne change rien au fond des choses. Le Québec demeure privé des plus importants pouvoirs nécessaires à son développement, et normalement reconnus à une nation indépendante.

 

L’alternative devant laquelle les Québécois se trouvent placée est donc la suivante : d’un côté l’impasse constitutionnelle canadienne dont nous venons de parler, de l’autre l’affirmation nationale des Québécois et son aboutissement logique : la souveraineté du Québec. Le véritable enjeu politique du Québec se situe précisément là. C’est donc sur ce terrain que notre action devrait s’orienter.

 

Mais, cela doit être fait dans le respect des règles démocratiques et demandera donc une consultation populaire. D’ici là, le mouvement souverainiste doit se préparer. Il y a plusieurs choses importantes à faire, parmi celles-là se trouve la préparation d’une Assemblée constituante, dont la principale tâche serait de rédiger une constitution pour le Québec. Nous pensons que les États généraux sur la souveraineté, dans la deuxième phase de ses travaux, devrait contribuer à l’organisation d’une telle Assemblée constituante. Une tâche dont les tenants de l’économisme ne veulent pas entendre parler, car elle relève du politique. Ce travail est toutefois inévitable et les Québécois devront inéluctablement le faire un jour ou l’autre. Une nation ne peut vivre indéfiniment dans l’équivoque et les faux-fuyants. Les Québécois – et les Canadiens aussi d’ailleurs – méritent que leurs politiciens leur proposent des projets clairs, qui vont au bout de leurs idées.

 

Compte tenu de ce qui précède, voici comment nous proposons de répondre aux deux questions posées à la page 27 du document intitulé Quel avenir ? Province? Ou pays? et qui s’énoncent comme suit :

 

« Le gouvernement du Québec devrait-il, comme ce fut le cas entre 1982 et 1985, introduire systématiquement une disposition dérogatoire (disposition de dérogation) dans toutes ses lois pour se soustraire à l’application de la Charte canadienne des droits et libertés dans ses articles où cette disposition le permet?

 

Chaque fois que les intérêts supérieurs du Québec sont bafoués par une décision de la Cour suprême, est-il légitime que le gouvernement du Québec ignore ce jugement? »

 

Nous croyons qu’à ces deux questions, il faut répondre « oui ».

 

« Oui », car le Québec possède déjà une Charte des droits et libertés de la personne. « Oui », car le Québec n’a pas de leçons à recevoir du Canada en matière de droits et libertés. En effet, la Charte québécoise garantit, en plus des droits fondamentaux comme le droit à la vie, à la sûreté, à l’intégrité et à la liberté, le droit à l’égalité, les droits politiques, les droits judiciaires et les droits économiques et sociaux de tous les citoyens du Québec. Et « oui », parce que la Charte québécoise a été promulguée sept ans avant celle du Canada.

 

Il ne sert plus à rien de jouer aux chats et à la souris avec le gouvernement fédéral. Il n’est plus de mise non plus de se comporter comme un peuple enfant ou une nation adolescente. Une nation qui chercherait à déjouer les règlements que des parents qui ne parlent pas le même langage qu’elle – dans tous les sens du terme – tentent de lui imposer.

 

Il y a des faits inéluctables. Le poids politique du Québec au sein de l’ensemble canadien diminue dramatiquement. Rien n’indique un renversement de cette tendance. Au contraire, le centre de gravité politique du Canada se déplace vers l’Ouest. Par conséquent, cela influera – et influe déjà – sur nos capacités à peser dans la balance lorsque vient le temps de décider des politiques publiques fédérales s’appliquant au Québec. Il en ira de même pour nos capacités à influencer les futures interprétations de la Constitution canadienne ainsi que tout changement éventuel à cette Constitution… que nous n’avons toujours pas approuvée!

 

Devant cette perspective, nous pensons que le temps est venu pour les Québécois de songer à se donner à eux-mêmes leur propre règle fondamentale. C’est pourquoi nous proposons de nous atteler à une tâche beaucoup plus constructive et importante que de contourner la loi que tente de nous imposer le gouvernement fédéral depuis le coup de force dirigé par le premier ministre Trudeau en 1981, et de rédiger un projet de Constitution pour le Québec qui implique une participation citoyenne. En effet, la rédaction d’une Constitution décidée par l’Assemblée nationale seule pose de multiples problèmes, dont celui de la légitimité.

 

Une Constitution doit avoir un caractère permanent. Elle doit servir à faire fonctionner et stabiliser la nature de l’État. À rétablir la confiance publique dans les institutions, ce qui serait une excellente façon de tirer un trait sur le Printemps québécois, qui a cristallisé un certain bris de confiance. Une constitution existe pour enchâsser de grands principes, pour donner à un peuple des institutions politiques pour plusieurs générations et lui donner les moyens de se perpétuer dans le temps, d’exister en tant que sujet politique institutionnalisé. Ça ne doit aucunement servir à encadrer des choix d’orientations politiques ou de politiques sociales, que ceux-ci soient de gauche ou de droite. Il faut constitutionnaliser le statut des Québécois et non des programmes de partis pour éviter toute faille politique ou constitutionnelle.

 

Après deux référendums, il importe de crever un abcès qu’aucun parti indépendantiste n’ose véritablement crever et c’est celui du référendisme. En effet, pourquoi avancer dans un agenda référendaire dont la seule issue possible est la victoire ou le recul durable, l’indépendance ou le statu quo? Le problème du référendisme est qu’il place tous les Québécois dans une situation de mort subite. Le projet d’indépendance ne suscite plus de nouveaux appuis notables dans les intentions de vote, car les gens ne veulent plus en entendre parler. Et les gens ne veulent plus en entendre parler, car ils se sont brûlés les doigts à deux reprises, ils ont âprement goûté à la défaite et ils ont maintenant peur de perdre.

 

Cette façon de concevoir l’avenir est dangereuse et stérile pour l’ensemble du mouvement indépendantiste. Elle conduit plusieurs indépendantistes à une impasse discursive et politique, soit celle d’être indépendantistes sans l’être ouvertement. C’est exactement ce que reprochent les petits partis indépendantistes au vaisseau amiral de l’indépendance du Québec. La division du vote, qui génère une profonde insatisfaction pour tous les indépendantistes à la suite du vote du 4 septembre 2012, doit être considérée à ses causes plutôt qu’à ses conséquences.

 

Ainsi, le défi pour les indépendantistes est de concevoir une proposition qui ménage des issues et ferait tout de même avancer le Québec en cas de nouvel échec, qui permettrait à nos concitoyens de transcender les traumatismes de 1980 et 1995 et ne ferait aucun mystère de l’indépendance, des moyens d’y accéder ainsi que de ses conséquences. L’idée est de faire avancer le Québec en même temps que l’on remet le projet d’indépendance en route. Voilà une proposition décente et honnête intellectuellement.

 

Cette proposition est celle de remettre à tous les citoyens du Québec le véritable crayon du pays en tenant une élection constituante. C’est celle de donner la chance aux Québécois et à eux seuls de dessiner eux-mêmes leur avenir et de leur faire entièrement confiance pour cela. C’est l’idée d’organiser une assemblée constituante, fondée en légitimité populaire et ayant un caractère officiel, dont le mandat consiste à rédiger un projet de Constitution du Québec. Une Constitution décrivant les contours d’un nouveau régime politique, de notre citoyenneté, de nos valeurs, nos droits et obligations, de nos rapports entre nous et les institutions du Québec (les rapports entre les institutions aussi) aussi bien que de notre rapport comme citoyen avec l’État nouveau, avec le Canada, avec le monde. Une Constitution écrite en deux modes : une première partie exécutoire et une seconde partie déclaratoire. La partie exécutoire servant à codifier définitivement le Québec et à forcer le jeu d’un éventuel partenariat avec le Canada, souhaité par une partie importante de notre population. Dans l’éventualité très probable où cela ne se produit pas, la seconde partie, en transformant du coup ses clauses déclaratoires en clauses exécutoires, viendrait définitivement sceller l’indépendance politique du Québec. Donc, une proposition qui dans un premier temps assure de faire avancer le Québec. Et qui, dans un second temps lui confirme son indépendance politique.

 

Cette proposition doit faire en sorte que le projet de Constitution du Québec, une fois rédigé par l’Assemblée constituante soit adoptée par l’Assemblée nationale du Québec. Aussitôt, cette dernière doit déclencher un référendum en vertu de la Loi sur les consultations populaires du Québec et faire voter la population sur un projet de Constitution du Québec conçu par cette même population. Une fois adopté démocratiquement par un peuple québécois adulte et confiant en lui-même, le gouvernement du Québec doit décréter la primauté de la Constitution du Québec librement décidée sur celle du Canada, arbitrairement imposée.

 

Cette approche a plusieurs mérites. Elle fonde la légitimité populaire de l’indépendance par un acte fondateur légitime qui a une portée aussi importante qu’un référendum. Elle mobilise le débat public en le recentrant sur la question nationale. Elle suscite l’intérêt de la population autour d’un exercice démocratique de réflexion sur l’avenir du Québec. Elle donne aux citoyens du Québec certains pouvoirs de refonder eux-mêmes les liens et leur fait confiance. Elle évite que le processus d’indépendance ne soit identifié à un personnage central ou chef suprême. Elle offre une avancée concrète au Québec et oblige à l’obtention de compromis honorables pour tous. Elle offre une garantie concrète à tous ceux qui ne veulent pas donner de chèque en blanc au Parti québécois en utilisant les garanties mêmes du projet de Constitution du Québec.

 

Ce projet de Constitution du Québec ne veut pas dire qu’un seul projet de statut politique soit immédiatement privilégié. Nous pensons, au contraire, que les Québécois doivent examiner plusieurs avenues et discuter entre eux de ce qui leur convient le mieux. Ce travail n’a pas besoin de se faire dans la précipitation mais dans la confiance. Les citoyens québécois peuvent tourner à leur avantage la situation actuelle en étudiant calmement les différentes voies possibles. Nous avons du temps pour nous préparer et réfléchir à ce que nous voulons faire.

 

Il existe plusieurs modèles pouvant nous inspirer et nourrir nos discussions, certains proviennent de grands pays comme les États-Unis ou la France, mais d’autres sont issus de petits pays comme la Suède, le Danemark ou même la Suisse. Il nous est possible de considérer les traditions parlementaires britanniques que nous nous sommes appropriées avec le temps. Nous pouvons, à tout le moins, présumer que la grande majorité des Québécois voudront que leur régime politique soit démocratique. Le reste sera l’objet de discussions dont l’objectif sera d’arriver à un consensus suffisamment large pour que le projet de constitution puisse subir l’épreuve d’un vote.

 

Tous les citoyens québécois pourraient participer à un aussi grand projet, car il est possible maintenant de les consulter tout au long du processus grâce aux progrès de la technologie. Ce qui est nécessaire pour réussir, ce n’est pas tant l’argent ou le pouvoir, mais la volonté. Celle de construire les bases d’un nouveau pays démocratique qui prendra sa place aux côtés des autres nations et qui fera honneur à la nation québécoise.

Un Québec qui reprend ses ailes

Il y a un an, une élection fédérale a porté au pouvoir un gouvernement majoritaire sans l’appui du Québec. Il y a 30 ans, le gouvernement du Canada a adopté la Constitution, toujours sans le consentement du Québec.

Ces deux événements témoignent d’une rupture symbolique entre le Canada et le Québec, du choc de nos identités et aspirations nationales. Ils trouvent leur origine dans une culture patriotique de plus en plus unitaire au Canada, qui se heurte au désir québécois d’exister comme nation. Une culture canadienne qui trouve dans la Constitution tous les moyens d’un État unitaire[1]. Pourtant, il y a toujours deux imaginaires sociaux et deux imaginaires politiques distincts, deux nations qui aspirent toutes deux à leur plein épanouissement.

 

Après le 2 mai…

Depuis le 2 mai 2011, toutes sortes d’analyses ont été formulées pour expliquer les choix politiques du Québec. Un colloque a d’ailleurs été consacré récemment à Toronto à la question du Québec. Le gouvernement du Canada a même commandé une étude sur « l’agitation politique » québécoise depuis lors, preuve qu’il cherche à la comprendre[2].

Une chose est claire : l’opinion publique québécoise, « friable », a fait, en 30 ans, le tour des options politiques qui lui sont offertes sur la scène fédérale. Depuis, les Québécois ont donné une majorité de sièges au Québec à trois partis politiques fédéraux différents[3]. Quelle conclusion en tirer sinon que, peu importe la représentation ou les enjeux politiques, le mécontentement d’une majorité de Québécois envers le statu quo persiste.

C’est un malaise profond, structurel. Et sérieux, car il relève du choc de nos identités. Après tout, 71 % des Québécois veulent revoir le statut politique du Québec, selon Léger Marketing[4], alors que les Canadiens ne souhaitent pas relancer le débat par eux-mêmes sur les enjeux d’une Constitution… désormais verrouillée.

Deux constructions nationales

Au Québec, les référents collectifs des Québécois ne sont pas les mêmes que dans le reste du Canada. Les Québécois forment un peuple, une nation à part entière. Ils ne sont plus Canadiens ni même Canadiens français, mais Québécois. Ils ont construit, ici, au fil du temps, un gouvernement national, un point d’appui, capable de promouvoir leurs intérêts nationaux et chargé de veiller à l’épanouissement culturel du peuple québécois.

Au cours de leur histoire, les Canadiens se sont façonné un pays qui les satisfait, un pays bien à eux, dont ils sont fiers. Ils se sont construit une nation, la nation canadienne, avec un imaginaire social et politique qui leur est propre.

Plusieurs jalons ont marqué ce processus de construction nationale au Canada. L’un des moments fondateurs est sans doute la bataille de Vimy. Mais le Statut de Westminster, certains hommes d’État tels Mackenzie King, Tommy Douglas ou Lester B. Pearson, ainsi que de grandes réalisations telles que l’assurance-maladie universelle[5], y ont aussi concouru. Ce processus s’est poursuivi durant 40 ans de règne libéral[6] avec l’adoption de l’unifolié[7], la Commission sur le bilinguisme et le biculturalisme (Laurendeau-Dunton), puis l’abandon de ce dernier principe pour le multiculturalisme – devenu l’idéologie officielle du Canada. Le rapatriement et l’adoption de la Constitution de 1982 ainsi que l’enchâssement de la Charte des droits et libertés ont non seulement confirmé cet idéal national, ils ont également participé à la construction de cet imaginaire[8]. Du coup, le rapatriement a fait du Canada un pays indépendant[9], sans le consentement du Québec, et des Québécois, trahis.

Depuis son élection, le gouvernement conservateur cherche à imposer une construction identitaire plus « conservatrice », encore une fois sans le Québec. Sa volonté idéologique se traduit par une révolution morale, de sorte qu’il soit ensuite impossible de s’en dégager. L’abolition du registre des armes à feu le cristallise bien. Idem pour les jeunes contrevenants, Kyoto, la consigne d’afficher bien en vue le portrait de la reine d’Angleterre ou de tout « royaliser ». Le patrimoine royaliste est réhabilité, et le passé militaire britannique, glorifié.

Tous ces efforts identitaires des Canadiens sont le fruit d’ambitions nationales. Celles-ci visent à consolider le caractère national de ce pays. En effet, depuis que les Canadiens ont pris conscience du fait qu’ils ne pouvaient plus continuer d’exister en tant que pays sans être une nation, ils s’en sont construit une, là où il n’y en avait initialement pas[10]. Or, le Québec ne peut continuer à exister en tant que nation sans être un pays, puisqu’il est privé des principaux leviers lui permettant d’affirmer ses légitimes ambitions nationales.

 

Deux langues officielles, une culture

Si le Canada a bel et bien épousé le principe du multiculturalisme, il est incapable de se faire à l’idée qu’il puisse exister dans ce pays une autre culture nationale que la culture canadienne, majoritairement anglophone.

L’État canadien reconnaît officiellement la langue française, mais il refuse d’admettre qu’elle est autre chose qu’un simple élément de la mosaïque canadienne. Qu’elle est une culture nationale distincte, autonome. Qu’elle fait partie intégrante de l’identité du Québec en tant que nation et que son expression est cruciale à la culture de celle-ci. Pour les Québécois, la langue française est un élan commun et autonome, un souffle collectif. C’est sur elle que s’appuient notre destinée, nos espoirs et notre volonté commune.

Si le Canada admet l’existence institutionnelle d’une dualité linguistique, il rejette celle d’une dualité culturelle. C’est en quelque sorte un pays « un », avec une culture « une », celle de la nation canadienne, indifférente à l’identité québécoise. Tant et si bien que le Canada agit maintenant comme s’il était constitué de deux langues officielles, mais d’une seule culture.

 

Deux gouvernements nationaux

Aujourd’hui, dans l’imaginaire des Canadiens, le Canada n’est plus pensé ou vécu comme une entité fédérative, avec ses parties distinctes et ses divers gouvernements. Et depuis 30 ans, les Canadiens tendent, dans leur imaginaire, vers une culture patriotique unitaire. Au plan institutionnel, on dit que c’est un État fédéral, mais de fait, le Canada reste depuis toujours un État unitaire[11]. L’un et l’autre, l’imaginaire comme les institutions, participent au même processus général de centralisation.

Or, dès 1956, le gouvernement du Québec[12] a déterminé que les conditions de base à l’acception du Canada ont toujours reposé sur deux principes : une union réellement fédérative et une égalité des deux peuples fondateurs. Ces principes n’ont jamais vu le jour. L’idée fédérale n’existe pas.

Résultat : nos destinées nationales s’éloignent. Bien qu’Ottawa n’ait jamais été et ne sera jamais ce qu’est Londres pour les Anglais ou Paris pour les Français, ce n’est plus seulement le siège du gouvernement fédéral et de sa Cour suprême, mais le lieu où s’assure la gouverne de la destinée nationale du peuple canadien.

L’État canadien se construit, se définit et s’impose comme l’incarnation même de la nation canadienne. C’est la seule voix, la seule représentation « officielle » qui vaille pour le Canada. Tous ceux qui veulent parler en leur nom propre, comme le Québec à l’UNESCO, n’ont d’autre choix que de consentir à la ligne qui leur est dictée par l’intérêt de la majorité canadienne. Or, la grande majorité des Québécois considère, dans son imaginaire collectif, que le siège de son gouvernement national est à Québec.

Plus nous avançons dans le temps et l’histoire, plus les tensions s’accumulent. Deux gouvernements nationaux se dressent côte à côte, condamnés à s’affronter sur de nombreux enjeux où leurs intérêts divergent. Dans l’imaginaire canadien, le gouvernement du Québec est de plus en plus perçu comme une entité administrative secondaire. Chaque confrontation entre les deux gouvernements nationaux constitue, pour les Québécois, une nouvelle et inépuisable source de frustrations puisque l’intérêt de la majorité prévaut. Ces nombreuses frustrations rappellent à quel point ces deux visions nationales sont devenues irréconciliables. Trop de politiques publiques sont désormais adoptées à Ottawa à l’encontre des intérêts des Québécois, mais toujours avec leurs impôts.

Les Québécois, tout comme les Canadiens, doivent prendre conscience de ce qu’ils sont devenus depuis 1867. Nous n’avons guère de points en commun. Le love-in est depuis longtemps révolu.

 

Les limbes de l’histoire

Le Canada s’illusionne en pensant avoir vaincu le mouvement souverainiste québécois. Or, le débat sur l’indépendance du Québec est loin d’être terminé puisque celle-ci reste à faire. Cet important courant de pensée qui traverse toute la société québécoise et qui, depuis 16 ans, ne s’étiole pourtant pas, ne pourra être ignoré encore très longtemps.

Soyons clairs : ce n’est pas le mouvement souverainiste qui est mort le 2 mai dernier au Québec. C’est la participation consciente du Québec, depuis longtemps d’ailleurs, au centre décisionnel d’un État où il ne se reconnaît pas, d’un pays qui lui apparaît de plus en plus étranger, d’une nation qui n’est pas la sienne.

Ce n’est pas parce que le projet souverainiste a été refusé par un cheveu, en 1995, que les Québécois ont dit oui au Canada. Ce n’est pas parce qu’ils ne veulent pas l’indépendance qu’ils ont voté pour le NPD. Ce n’est pas parce que s’exprime dans les urnes le malaise québécois que s’efface, par enchantement, le manque de projets communs.

Cette « friabilité » du vote québécois n’est rien d’autre que le sentiment profond et pesant, depuis 1990, de rester dans les limbes de l’histoire, de ne pas être. Saisis de vertige, les Québécois vivent dans un ultime flottement. Il n’est pas question qu’ils ne saisissent pas leur destin la prochaine fois.

L’existence d’une nation

Après 145 ans d’errances constitutionnelles, nous n’arrivons toujours pas à nous entendre. Pourquoi continuer à nous égarer dans cette voie, vers ce cul-de-sac ? Le fruit n’a jamais été mûr et ne le sera jamais. En effet, il serait aujourd’hui impossible de faire accepter aux Canadiens les conditions définies, et rejetées en 1990 par l’Accord du lac Meech, puis rejetées à nouveau de part et d’autre dans l’Accord de Charlottetown. Pour le Québec, de telles conditions étaient alors jugées minimales dans le cas de Meech et insuffisantes dans le cas de Charlottetown. Aujourd’hui, ni l’un, et encore moins l’autre, ne sauraient suffire à satisfaire la nation québécoise.

Si ces projets de compromis constitutionnels n’ont pas réussi, et ne réussiraient pas plus aujourd’hui, c’est qu’ils sont en soi incompatibles avec les principes mêmes de l’État unitaire canadien. Ils sont d’autant plus irrecevables pour les Québécois puisque ceux-ci forment bien plus qu’une société distincte, ils forment une nation.

Contrairement à la nation québécoise, la nation canadienne dispose d’un véritable État afin de poursuivre ses ambitions nationales. Elle peut lever tous ses impôts, adopter toutes ses lois et signer tous ses traités. L’aspiration légitime d’une nation est d’assurer sa pleine gouverne et sa participation aux affaires du monde. En laisser une autre occuper sa place, c’est renoncer à sa propre existence.

 

Notre place dans le monde

Le Canada est actuellement lié par 4058 traités, accords, conventions et protocoles bilatéraux ou multilatéraux[13] qui touchent tous les aspects de la vie en société. Dans plusieurs cas, ils lient le Québec comme province, comme c’était le cas pour le protocole de Kyoto. Mais c’est toujours Ottawa qui négocie.

De crises bancaires en crises environnementales, des petits pays au mouvement des Indignés, tous demandent de meilleurs encadrements internationaux. Et cela passe nécessairement par le rôle de l’État. Cela soulève des enjeux mondiaux sur lesquels le Québec ne peut toujours ni s’exprimer ni agir.

Longtemps, on a tenu pour acquis que les intérêts objectifs du Québec et du Canada étaient sensiblement les mêmes et que, par conséquent, le Canada pouvait bien parler au nom des Québécois. Ce n’est plus vrai maintenant. De plus en plus, sur la scène internationale comme sur la scène nationale, les positions que défend le Canada vont à l’encontre des intérêts du Québec. Trop d’ententes internationales sont désormais signées – ou déchirées – contre les intérêts nationaux des Québécois alors que leurs impôts participent toujours à leur mise en œuvre.

Tous ceux qui se considèrent citoyens du monde n’y peuvent pas grand-chose : les relations internationales se font entre nations. L’État national est donc la seule porte d’entrée des Québécois sur la scène internationale pour y défendre leurs valeurs comme leurs intérêts. C’est aux Québécois de déterminer quel rôle ils veulent jouer dans le monde. Pour tous les Québécois, il serait beaucoup plus stimulant de le déterminer que de continuer à s’éroder dans le Canada encore et encore.

 

Deux honorables indépendances

Afin de résoudre ces questions fondamentales, il faudra inévitablement que la population du Québec fasse à nouveau des choix. Et s’il y a un choix en particulier qui ne pourra pas toujours être évité, c’est celui qui consiste à déterminer si le Québec doit, ou non, maintenir son lien actuel avec le Canada.

Deux faits brillent de toute leur vérité depuis 30 ans : la Constitution de 1982 n’a jamais été officiellement ratifiée par le gouvernement du Québec, peu importe la formation politique au pouvoir, souverainiste comme fédéraliste, et aucune négociation pour y remédier n’a abouti à un quelconque règlement constitutionnel. Cela pouvait fonctionner un temps, mais cette situation ne peut être éternelle.

L’avenir du Québec comme nation se trouve à l’extérieur du Canada. Il n’existe pas de rêve canadien pour le Québec, pas plus que de rêve québécois pour le Canada. Les Québécois n’ont aucun avenir ni aucune place en tant que nation au sein de cet État unitaire, à moins qu’ils ne consentent à exister selon les termes établis par la nation canadienne à la culture patriotique de plus en plus unitaire; à moins qu’ils ne se plient et qu’ils n’existent que comme simple élément de la mosaïque canadienne; enfin, à moins qu’ils n’acceptent de cesser d’exister comme nation.

Nos deux nations doivent emprunter leur propre chemin pour mettre fin à cette impasse avec deux honorables indépendances. Elles trouveront bien le moyen de coopérer avec, par exemple, une libre circulation des biens, des personnes et des capitaux.

 

Un pays neuf

Au fil du temps, les Québécois ont su s’aménager un espace de liberté. Celui-ci leur a apporté des institutions, des succès économiques qui feraient l’envie de bien des nations. Mais c’est un espace limité, sans cesse contraint. Il ne permet pas à la nation québécoise d’aller au bout de son potentiel et de ses rêves.

Le Québec est capable de tenir son rang sur la scène internationale. La nation québécoise a tous les moyens, tous les outils, toutes les ressources pour assumer son propre destin et devenir un seul pays.

Nous, signataires de cette Déclaration, reprenons nos ailes. Le Canada et le monde reconnaissent aux Québécois le pouvoir ainsi que le droit à la liberté. L’exercice de deux référendums, et même une décision de la Cour suprême du Canada, l’ont confirmé.

Il est essentiel que notre nation puisse avoir son propre État, à son image, et vivre librement.

Deux États étaient à construire. Un seul a vu le jour. Dès lors, il nous appartient de faire lever un pays neuf. Un Québec indépendant.

Ont signé :

 

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Déclaration

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(Ou cliquez ici pour signer la déclaration)

Un Nouveau mouvement pour le Québec
Luc Abran
Nathalie Alarie
Johanne Alarie
Ludovic Alarie-Vézina
Philippe Alary
Olivier Allard-Mayer
Johana Alvarez
Fanny Arsenault
Gino Aspirot
Dany Asselin
Catherine Aubertin
Marie-Charlotte Aubin
Michel Aubin
Émilie Auclair
Charles Audet
Daniel Auger
Evelin Auger
Frédéric Auger
Raphaëlle Auger
Benoît Auger
Dany Ayotte
Martin Ayotte Cummings
Laurence Bacon
Sylvain Barette
Xavier Barsalou Duval
Isabelle Beaubien
Rachel Beauchemin
Rock Beaudet
Jocelyn Beaudoin
Anne-Marie Beaudoin-Bégin
Simon Beaudry
Geroges Beaulieu
Nicolas Beaulieu
Martin Bédard
Raphaël Bédard-Chartrand
Rosemarie Bêgin
Claude Béland
Francyne Bélanger
Jacky Bélanger
Marc-Antoine Bélanger
Valerie Belanger-Thibeault
Nicholas Belleau
Jocelyne Bellefeuille
Alexandre Belliard
Charles Etienne Bénard
Pierre-Luc Benoit
Pierre Benoît
Diane Benoît
Charles-Eugène Bergeron
Julien Bergeron
Mario G. Bergeron
Samuel Bergeron
Josiane Bergeron
Jean-Charles Bernier
Eric Berthiaume
Lucie Bertrand
isabelle Bilodeau
André Binette
Stéphane Biron
Émilie Bisson-Yassa
Fulgence Bla
Jennifer R Blais
Christian Blanchet
Julie Blaquière
Anny Blouin
Carl Boileau
Mathieu Boisclair
Adi Boisjoly
Ariane Boisseau
David Boisvert
Jean-Pierre Bonhomme
Jean-Simon Bonin
Alain Bouchard
Eric Bouchard
Jacques B Bouchard
Réal Bouchard
Sébastien Bouchard
David Bouchard
Jérôme Boucher
Michel Boucher
Daniel Boudreau-Guay
Martin Boudreault
Kim Bouilanne
Dani Boulet
Danièle Bourassa
Benoît Bourbeau
Line-Marie Bourbeau
Jeremi Bourgault
Joel Bourgoin
Jean-Luc Boutin
France Boutour
Christelle Brassard
Guillaume Brassard-Méthot
Mathieu Breton
Guy Brien
Mario Brisebois
Marie-Claude Brisson
Yvan Brochu
Jason Brochu-Valcourt
Marie-Claude Brouillet
Antoine Brousseau Desaulniers
Manon Brunet
Peire-Joel Brunnemer
Michelle Bussières
Sylvain Bussières
Caille Bussières-Hamel
Bernard Campeau
Roxane Campeau
Audrey Campeau
Louis-Philippe Cardinal
Frédérick Carignan
Stéphane Caron
Marie-Josée Caron
Annie Carrier Robitaille
Danielle Castonguay
Jonathan Cayer
Martin Chabot
Maurice Chaillot
Samuel Champagne
Alexandre Champagne-Brien
Marc Chapleau
Michel Charpentier
Lionel Chartier
Alexis Chartrand
Gabriel Châteauneuf
Geneviève Chénier
Carole Cholette
Réjean Cholette
Pascal Cholette Janson
Pierre Cloutier
René Cloutier
Dominic Cloutiet
André Colpron
Robert Comeau
Stéphane Cooney
Patrick Coppens
Marie-Eve Corbeil
Paul Corbeil
Paul Corbeil
Yannick Cormier
Jacques Cossette-Trudel
Caroline Côté
Dan Côté
Serge Côté
Philippe Coulombe
Sophie Coulombe
Gabriel Coulombe
Pier-Luc Coulombe Rivest
Mélissa Coulombe-Leduc
Claude Cournoyer
Guillaume Courtemanche
Philippe Couture
Jacques Crépeau
Pierre Curzi
Guillaume Cyr
Marie-Pier Cyr
Martine Cyr
Eric D’Alo
Eric D’Amours
Stéphane D’Astous
Adil D’Sousa
Jean-Marie da Silva
Gabriel Dagenais
Samuel Daigle
Raphaël Dallaire Ferland
Mylène Dalpé
Maxine Dandois-Fafard
Lauréanne Daneau
Marc-Antoine Daneau
Rosalie Daneau
Michel Darne
Kaveh Dashty
Hugo De Koulen
Raphaël De Roy
Vladimir De Thézier
Jérôme Décarie
Robert Deragon
Raphaël Déry
Guylaine Desbiens
Gino-Robert Deschênes
Michel Deschesnes
Antonin Desgent
Gaëtan Desjardins
Jocelyn Desjardins
Amélie Desjardins
André Desnoyers
Marc Desnoyers
Hélène Desputeaux
Yann DesRosiers
Jean-Luc Dion
Laurent Dion
Luc Dion
Marie-Claire Dion
Vanessa Dion
Julien Dion
Julie Dionne
Catherine Dorion
Sophie Dorion
Magali Doucet
Vincent Doucet
Bernard Drainville
Rémi Drolet
Royal du Perron
Sylvain Dubé
Micheline Dubois
Julien Dubreuil-Théberge
Carole Ducharme
Yannick Duchesne
Sébastien Duchesneau
Hugo Dufort
Lucille Dufour
Serge Dufour
Marc-Antoine Dufresne
Annick Duguay
Yannick Duguay
Philippe Dujardin
Martin Dulac
Sébastien Dulude
Félix-Antoine Dumais-Michaud
Raymonde Dumont
Louis Dupont
Jocelyn Dupuis
Kenny Duque
Gilles Durand
Janie Durand
Pierre Durand
Luc Duranleau
Myriam-A. Emond
Élisabeth Émond
Hervé Évrard
Nicolas Falcimaigne
Marc-André Faucher
Myriam Faucher-Pelletier
Audrée Favreau-Pinet
Julie Fay
Ludovic Febvet
Steve Ferland
Mathieu Fontaine
Marc-Antoine Fontaine
Lilissa Fortier
Danièle Fortin
Marc Fortin
Marc André Fortin
Martin Fortin
Pierre Benoit Fortin
Rémi Francoeur
Sophie Fréchette
Guillaume Freire
Joseph Gagne
Pierre-Luc Gagné
Jérôme Gagnon
Nicole Gagnon
Zoé Gagnon
Vincent Gagnon-Boisvert
Marie-Michelle Gamache
Richard Gamache
François Gareau
Jean-Pierre Gascon
Mathieu Gaulin
Eric Gauthier
Robert O. Gauthier
Robert Gélinas
Hugo Gendreau
Charles-Hugo Gendron
Isabelle Gérin-Lajoie
Henriette Germain
Joël Germain
Edouard Geyer
Yolande Gibson
Pierre Gilbert
Laporte Gilles
Jean-Paul Gilson
France Gingras
Mary Ann Gingras
Yves Giroux
Mario Gladu
Jonathan Godin
Patrick Godin
Catalina Gomez
Alex Goyer
Jocelyne Goyette
Angus Graham
Benoît Graton
Francine Gratton
Louis Gravel
Pierre Graveline
Julie Blanche Graveline
Conrad Grenier
Catherine Grenier-Marquis
Réjean Grimard
Renaud Guénette
Gilbert Guevremont
Eric Guillemette
Claude Guimond
Nicolas Guimond
Jonathan Guindon
Paul Guyot
Charles-Eric Haché
Étienne Hallé
Daniel Hamel
Michelle Hamelin
Robert Hamer
Benoit Hamilton
Jean Harel
Laurence Harvey
Jean-Guy Henley
Serge Héroux
Benjamin Hogue
Christian Hottote
Marie-Eve Houle
Jean-François Hughes
Fred Isaya
David Jacques
Guillaume Janson
Michel Jean
Jean-Martin Johanns
Daniella Johnson-Meneghini
Nicolas Jolicoeur
Gérald Joncas
Jean-François Joubert
Émilie Joyal
Rénald Joyal
Martin Julien
Denis Julien
Eric Jutras
Gérard Jutras
Frédéric Kantorowski
Francis Khoury
Jean-Denis Kusion
Mathieu L’Espérance
Diane La Rochelle
Antonis Labbé
Alain Labelle
Guillaume Labelle
Claude Labrecque
Pierre LaBuissonnière
Emilie Ladouceur-Bibaud
Éric Laferrière
Raynald Laflamme
Lise Lafontaine
Laurent Laforce
Benoit Lafortune

Pierre LaFrance
Jacinthe Lafrenaye
Patrick Lajeunesse
Denis Lalande
Francis Laliberté
Jacques Lalonde
Francis Lamontagne
Jean-Daniel Lamy
Jacques Lanctôt
Bernard Landry
Noël Landry
Sylvie Landry
Pierre Landry
Jessica Langlois
Claude Lanthier
Raphaël Lapierre
Luc Lapierre-Pelletier
Annie Laplante
Frédéric Lapointe
Serge Lapointe
Eloïse Lapointe-Leblanc
Pierre Laporte
Maxime Laporte
Sylvie Laprise
Olivier Laroche
Maxime Larochelle
Louis Larose
Michael Lartigau
Eric Laurence
Lise Laurence
Gabriel Laurin
Danyelle Lauzé
Yanek Lauzière-Fillion
Jean-Philippe Laverdiere
Bruno Lavoie
Daniel Lavoie
Jacques Lavoie
Jean Lavoie
Andréanne Lavoie
Félix Le Blanc
Pierre Le Buis
André Le Corre
Serge Leathead
Pascal Lebel
Benoît LeBlanc
François Leblanc
Manon Leblanc
Sylvain Leblanc
Robert Lecompte
Renaud Ledoux
Pierre Leduc
Luc Lefebvre
Anne Legaré
Jean-François Legault
Jean-Sébastien Lelièvre
Luc Lemay
Myrianne Lemay
Denis Yogi Lemieux
Joakim Lemieux
Alexis Lemieux-Lepage
Yvan Lemire
Marc Lemire
Frédéric Lemire
Roxanne Lemoy
Atim Leon
Simon Lépine-Delorme
Marcel Lepot
Julie Leroux
Samuel Lespérance
Nicolas Lessard
Mireille Levesque
Jacques Levesque
Benoit Levesque Beaulieu
Haru Liu
Patrice Llavador
Marc-André Lorimier
Alain M. Bergeron
Tanya MacGillivray
Hélène Mackay
Daniel Magnan
Jean-Nicolas Mailloux
Josee Maisonneuve
Jocelyn Major
Dominic Malboeuf
Nicolas Malboeuf
Alexandre Marcoux
Fabrice Marcoux
Novy Marin Gagné
Isabelle Marissal
Jacques Marquette
Jocelyne Marquis
Jean-Luc Marret
Jean Martel
André Martel
Jean-François Martel Castonguay
Mariane Martel-Thibault
David Martin
Jean-Philippe Martin
Mathieu Martin
Yvan Masse
Marianne Mathis
Maxence Matteau
Dominic McInnis
Mohamed Redha Meddad
Olivier Ménard
Véronique Ménard
Richard Mercier
France Mercille
Bertin Michaud
Andréanne Michon
Normand Michon
Micheline Migneault
Claude Millette
Pierre Miron
Marc-André Miron
Nicolas Moisan
Robert Monaco
Nathalie Mondat
Claude Mongrain
Sebastien Monier
Jean-François Montigny
Claudia Montminy
Edmond Montpetit
Alexandre Moreau
Katy Morin
Real Morissette
Real Morissette
Donald Morissette
Alexandre Nadon
Martine Normand
Christine Normandin
Pierre Norris
Raphaël Ouellet
Raúl Padilla
Claudia Pagé
Jonathan Pageau
Micael Papillon
Gilbert Paquette
Mélodie Paquette
Sylvain Paquette
Maude Paquette
François Paquin
Luc Paradis
Peggy Paradis-Perrier
Nikolas Parent-Poisson
Danic Parenteau
Marie-Claude Parenteau-Lebeuf
Michel Payette
Jean-Francois Pedneault
Michel Pelletier
Roland Pepin
Alex Perreault
Lucie Perreault
Hugo Perreault Demers
Roland Perron
Nicole Perron
Normand Perry
Antoine Phaneuf
Claude Picard
Erwan Picart
Richard Pilon
Marie-Claude Pion-Chevalier
Maxime Plamondon
Claudette Plante
Jean-Guy Plante
Marie-Josée Plante
Martial Poirier
François Poisson
Roger Pomminville
André-Claude Potvin
Jason Potvin
Daniel Poulin-Gallant
Linda Pouliot
André Poupart
Fred Prieur
Colette Provost
Eric Pruneau
Jean Quenneville
Guy Racicot
François Racine
Patrice Racine
Yannick Racine
Eric Ramirez
Camille Raunet
Lise Reid
Jean Alfred Renaud
Gilles Rhéaume
Sébastien Ricard
Julie Richard
Sébastien Richard
Étienne Richer
Pierrette Richer
Sarah Richer
Jean-Marc Rioux
Vincent Rioux
Vincent Rioux
Jocelyn Rivard
Jason Rivest
Francis Roberge
Maryse Robert
Mélanie Robert
Mathieu Robinson
Serge Robitaille
Gilbert Rochon
Odile Rochon
Francis Rompré
Dale Rondeau
Daniel Ross
Linda Rousseau
Nathalie Roussin
Marianne Routhier-Caron
Anthony Roy

Jacques Barolet
Rosalie Beauchamp
S.bastien Bérard
Denis Bisson
Danny Boivin
Guillaume Bourgouin
Noémie Brière-Marquez
Vincent Brillant
Benoit Brosseau
Jean Brunet
Simon Castro
Ariane Cavalli
Sébastien Chabot
Isabelle Corriveau
Réal Croteau
Jean-Fran̤ois De Bellefeuille
Gilles Desgagne
Sylvie Desmeules
Simon Du Perron
Dereck Dubois
Arnaud Dumas
Robert Dumouchel
Mario Fafard
William Fayad
Mario Formichella
Stéfanie Gagné
Isabelle Goulet
Olivier Grant
Michel Héroux
Denis Julien
Francois Julien
Olivier Lacelle
Anne Lalonde
Eugénie Lalonde
Samuel Laporte
Betty Larose
Diane Leclerc
Jean Lecompte
Olivier LeGendre
Roger Lemelin
Félix Lemieux
Alexis Lemieux-Lepage
Jean Lépine
Mélina Longpré
Tremblay Marie-Louise
Johanne Mitchell
Antoine Morin-Rochon
Jonathan Naoum
Donald Ouellette
Gabriel Pelland
Jean-Phylip Prince
Jocelyn Rivard
André Roy
Katherine Roy
Samuel-Chand Roy
Daniel Roy, C.A.
Francis Sabourin
Gilles Sagot
François Saint-Louis
Hubert Samson
Jocelyne Sauriol
Serge Savoie
Samuel Schinck
Pierre Schneider
Philippe Séguin
Daniel Sheehy
Jifeng Shen
Jean-Claude Sicard
Serge Sigouin
Yvon Simard
Claudine Simon
Martin Simoneau
Philippe Solomon Addleman
Guy Soucie
Olivier Spencer-Hallée
Éric Spérano
Félix-Antoine St-Jean
Frédéric St-Jean
Francois St-Onge
Christian St-Pierre
Loana Stella
Patrick Straehl
Alexandre Taboureau
Bert Talon
Jean-Claude Tanguay
Tania Tania Longpre
Sébastien Tessier
Julie Théorêt
Rémi Thériault
Yvan Therrien
Richard Thibaudeau
Alain Thibault
Mélissa Thibault
Adèle Toutant
Eve-Marie Tremblay
Jean-François Tremblay
Jimmy Tremblay
Miguel Tremblay
Pascal Tremblay
Patricia Tremblay
Ros��e Tremblay
Stéphane Tremblay
Yves Tremblay
Eric Trepanier
Benjamin Trottier
Alexandre Trottier-Lapointe
Annie-Claude Trudeau
Danielle Trussart
Mathieu Turcot
Sophie Turcot
Martin Vachon
Pierre Vachon
Guillaume Vaillancourt
Bernard Vallée
Frédéric Vallée
Jean-François Vallée
Sylvie Vallieres
Denise Vallières
Samuel Vanasse
Catherine Vaudeville
Huguette Vaugeois
Jean Vaugeois
Jean-François Veilleux
André Véronneau
Pierre Véronneau
Yvan Viau
Richard Villeneuve
Guillaume Wagner
Irène Yakonowsky

(Cliquer ici pour signer vous aussi la déclaration)


 

[1].    Nombreux sont ceux qui croient que le Canada est une fédération. Or, même depuis 1867, ce n’est pas le cas, puisque la Constitution autorise la modification unilatérale du partage des compétences par les autorités centrales. Celles-ci ne s’en sont d’ailleurs pas privées, entraînant la centralisation que l’on sait. Le terme d’État unitaire, peu usité au Canada anglais, mérite donc d’être utilisé.
[2].    http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-canadienne/201202/13/01-4495464-etude-sur-lagitation-politique-pas-une-depense-partisane-disent-les-conservateurs.php
[3].    Depuis l’échec de l’Accord du lac Meech, les Québécois n’ont jamais décidé de voter du côté du gouvernement élu et n’ont jamais eu, au Québec, un nombre majoritaire de circonscriptions détenues par des députés membres du parti formant le gouvernement.
[4].    http://www.ledevoir.com/politique/canada/345945/sondage-71-des-quebecois-ont-un-appetit-constitutionnel
[5].    Le Statut de Westminster de décembre 1931 reconnaît l’indépendance de plusieurs colonies, dont le Canada, l’Irlande, la Nouvelle-Zélande, l’Afrique du Sud et l’Australie. Il reste cependant un lien fondamental avec l’Angleterre : le Canada ne peut alors pas modifier sa Constitution ; c’est le Parlement de Londres qui a toujours, à ce moment, juridiction exclusive sur les modifications des règles du jeu.
[6].    De 1963 à 2006, le gouvernement du Canada a été formé par le Parti libéral du Canada, sauf pour deux interruptions : de juin 1979 à mars 1980, et de 1984 à 1993. Durant cette période, les premiers ministres libéraux furent Lester B. Pearson, Pierre Trudeau, John Turner, Jean Chrétien et Paul Martin.
[7].    L’unifolié canadien a été adopté presque 20 ans après le fleurdelisé, dont l’adoption au Québec a donné lieu à une guerre des drapeaux provinciaux au Canada. En effet, aussitôt après l’adoption du nouvel emblème québécois, le Canada s’est empressé de faire adopter les neuf drapeaux des neuf autres provinces canadiennes.
[8].    Les modifications constitutionnelles de 1982 ont eu pour effet de diminuer les pouvoirs du Québec en matière de langue et d’éducation, et de ne pas lui reconnaître un droit de veto ou un droit de retrait avec compensation adéquate en matière de modification constitutionnelle.
[9].    Depuis 1982, les Canadiens ne sont plus des sujets britanniques et le Canada n’a plus besoin de l’accord de Londres pour tout changement constitutionnel. C’est un pays pleinement indépendant. À ce moment, le Québec a perdu, dans la formule d’amendement constitutionnel, son droit de veto. En le perdant, le Québec est devenu une province parmi dix, un peuple minoritaire dont on peut se passer à l’occasion. En effet, sans droit de veto pour le Québec, la majorité anglophone peut redéfinir les règles du jeu sans lui.
[10].  Pour reprendre les mots du politologue Daniel Latouche.
[11].  À cet égard, le Canada, dans sa Constitution originale, n’était déjà pas une fédération, mais un État « unitaire », compte tenu du pouvoir de désaveu et de réserve des lois, du pouvoir déclaratoire, de la compétence en matière d’acquisition des propriétés publiques et de la prépondérance fédérale. Cette situation s’est aggravée depuis par différents instruments d’interprétations et pratiques constitutionnelles, telles que la compétence accessoire implicite, la compétence résiduaire, les dimensions nationales, l’état d’urgence ainsi que le pouvoir de dépenser.
[12].  Lors de la Commission royale d’enquête sur les problèmes constitutionnels.
[13].  Dernières informations disponibles, en date de mars 2011, sur le site du ministère des Affaires étrangères du Canada.